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[Dossier #29] Des études d'ingénieur jusqu'au doctorat : rencontre avec Laurine Curos

Laurine Curos, diplômée de l’ENSEIRB-MATMECA – Bordeaux INP, prépare sa thèse au Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) de Gramat, où elle travaille sur les effets d’une destruction des alimentations lorsqu’elles sont soumises à de fortes impulsions électriques. Découvrez ce qui l’a amenée à faire de la recherche et en quoi consistent ces travaux.

Image représentant une main au dessus de composants électriques

Peux-tu nous raconter ton parcours et comment tu t’es tournée vers la recherche ?

J’ai eu un parcours assez classique, après la Prépa des INP à Bordeaux j’ai intégré l’ENSEIRB-MATMECA – Bordeaux INP en filière électronique : 3 ans d’école d’ingénieur avec une spécialité SRT en troisième année (Système, radio fréquence et télécommunications). Pendant notre parcours on effectue différents stages et celui de 3ème année au CEA Gramat m’a permis de m’ouvrir vers la recherche et vers une thèse que j'effectue actuellement*.

Peux-tu nous parler des stages que tu as effectué durant ton cursus ?

En première année, c’était un stage « découverte » grâce auquel je suis partie à l’étranger, en Espagne. J’ai travaillé avec un architecte, c’était complètement nouveau et ça m’a permis de voir une facette managériale. J’ai pu gérer la partie administrative, gestion de projet, planning… Ça m’a permis de découvrir d'autres aspects que de la technique et ça m’a apporté une ouverture d’esprit.

Ensuite j’ai effectué mon stage de deuxième année dans une entreprise qui fabrique des cartes électroniques et qui travaille pour le secteur de l’aéronautique principalement. C’était un stage axé sur la production, avec une partie technique importante mais également managériale. C’est un stage qui m’a conforté sur ma spécialisation en électronique.

Mon troisième stage je l’ai trouvé grâce au forum Ingénib, organisé chaque année à l’ENSEIRB-MATMECA – Bordeaux INP. Je me suis prêtée au jeu et je suis allée sur le stand du CEA, où j’ai découvert l'antenne de Gramat. Le CEA de Gramat est un centre de recherche spécialisé en détonique et électromagnétisme. En échangeant avec un eux j’ai eu un vrai coup de coeur pour les sujets qu’ils traitent, notamment sur la partie défense conventionnelle.

C’est ce stage en particulier qui t’as donné le goût de la recherche ?

J’avais déjà l’envie de découvrir ce monde, celui de la recherche, qui est un univers à part, avec une vision et une réflexion différente sur le métier d’ingénieur.

Qu’est-ce qui t’a attirée dans la recherche ?

Je me suis tournée vers la recherche pour acquérir une nouvelle vision des compétences d’ingénieur, mais aussi pour me surpasser. En effet, on est confronté pendant trois ans au même sujet et beaucoup de chercheurs qualifient le travail de thèse de « solitaire ». Je pense au contraire que cela reste une aventure humaine. Pendant 3 ans on est encadré, dans mon cas par le CEA de Gramat et le laboratoire IMS** (Laboratoire de l’Intégration du Matériau au Système) à Bordeaux. J’ai donc, en plus de mon directeur de thèse, deux encadrants et je travaille régulièrement avec les équipes du laboratoire et du centre de recherche.

Peux-tu nous résumer ton sujet de thèse ?

Je cherche à comprendre les effets d’une impulsion de courant, qui arriverait sur le secteur d’un ordinateur par exemple, branché dans une habitation. On observe la carte d’alimentation qui subirait une impulsion de fort courant, par le biais des prises. Ce fort courant on pourrait l’appréhender comme la foudre, mais en beaucoup plus rapide et beaucoup plus puissant. De là, on essaie de comprendre le mécanisme, les défaillances, la destruction. L’objectif est d’arriver à une modélisation où l’on représenterait la carte d’alimentation, l’injection (NDLR : le courant injecté via la prise), ce qui nous permettrait d’estimer qu’une carte sera détruite ou à l’inverse qu’elle ne le sera pas. Il y a un côté « prédiction » en quelque sorte.

Comment as-tu choisi ton sujet ?

A la fin de mon stage de troisième année, le CEA avait déjà une thèse en court sur ce sujet. Cette thèse se concentrait sur la partie analyse et s’imbriquait dans un sujet beaucoup plus large. En discutant avec le doctorant qui travaillait dessus, j’ai tout de suite accroché avec ce sujet, qui me parlait. Je suis allée rencontrer les encadrants de cette thèse et je leur ai proposé de faire une suite du projet. Ils m’ont aiguillée sur un nouveau sujet et ont trouvé les financements et l’encadrement.

Quelles sont les grandes étapes de ton projet ?

Au départ on a le titre de notre sujet et une bibliographie. Dans mon cas j’avais également la documentation du premier sujet de thèse sur la question. Ces éléments doivent nous permettre d’appréhender le sujet, de se l’approprier, durant la première année de thèse.  Dès lors que l’on a bien assimilé notre sujet, tout s’enchaîne. Pour ma part je suis aujourd’hui sur une partie expérimentale et une partie théorique, de la simulation… C’est très complet et complexe à la fois, car on traite différents sujets en même temps.

Peux-tu nous expliquer la partie de simulation sur laquelle tu travailles ?

A partir d’un logiciel on reproduit la carte d’alimentation de manière numérique, avec les composants qui la constituent. De là on vient reproduire ce qui a été vu en expérimentation, c’est à dire le chemin du courant qui passe dans l’alimentation, en fonction de l’impulsion qui a été générée. Puis on cherche à décrire la situation, c’est la partie de modélisation du comportement observé en amont. Actuellement c’est la partie que je traite : quelles sont les fragilités des composants de cette carte ? Quel est leur niveau de destruction ? A partir de là, quand on a défini les limites d’un composant, on les intègre à notre simulation et cela nous permet d’estimer si, par exemple, la destruction d’un composant entraîne la destruction d’un autre. On modélise en quelque sorte un scénario de destruction, afin d’appréhender la fiabilité des composants. Il y a une partie d’analyse physique des matériaux utilisés pour les composants, mais également de compréhension des mécanismes de destruction.

Quel est l’objectif de ce projet ?

C’est toujours complexe, pour ce type de sujet, de prédire la direction que cela prendra. L’objectif pour le moment est d’arriver à une modélisation de ce comportement de destruction, de façon numérique. Ce ne sera peut-être pas la modélisation finale, mais une pierre posée à l’édifice des recherches sur la susceptibilité des équipements. L’objectif global de ces travaux serait d’arriver à comprendre et prédire les défaillances ou les destructions des équipements. Actuellement nous travaillons sur des alimentations du commerce, comme ceux des ordinateurs portables, mais l’objectif serait d’élargir à d’autres équipements. Pour le moment nous n’avons pas les moyens de prédire si d’autres équipements rencontreront les mêmes défaillances. Là est toute l’importance de la partie expérimentale : nous devons tester les équipements pour comprendre ce qu’il se passe, avant même d’en faire un modèle.

Pourquoi vous menez des recherches sur ce sujet ?

Avec ce sujet on se concentre sur ce qu’on peut appeler la « défense ». Nous cherchons à renforcer la sécurité des équipements, qu’ils soient civils ou militaires, afin d’obtenir une protection optimale face à des agressions de type électromagnétique. Ces agressions sont généralement intentionnelles, qu’elles proviennent d’un pays, d’un groupe terroriste ou d’un hacker isolé. Aujourd’hui on sait modéliser l’agression, l’onde électromagnétique qui est envoyée dans nos prises, mais on ne sait pas modéliser ce qui se passe ensuite.

L’analyse de ces défaillances et la modélisation nous permettraient de renforcer la sécurité des équipements en travaillant, par la suite, sur des protections.

Un conseil si l’on souhaite se lancer dans la recherche ?

Si on a envie d’essayer, il faut regarder les sujets, voir ce qui nous parle et surtout être attentif à l’encadrement. J’ai trois encadrants qui travaillent en collaboration et cela permet un bon déroulement de ma thèse. Si on a l’envie et la motivation, il ne faut pas hésiter et se lancer.

*Thèse co-financée par le CEA Gramat et l'Agence Innovation Défense (AID)Travaux de recherches sous la direction de M.Vinassa (IMS), encadrés par M.Dubois (IMS) et M.Puybaret (CEA)

**En co-tutelle Bordeaux INP – CNRS – université de Bordeaux

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  • 1 école doctorale co-accréditée « Montaigne-Humanités » (avec l’Université de Bordeaux Montaigne) et 5 écoles doctorales associées (avec l’Université de Bordeaux)
  • 1 parcours ingénieur-docteur à l’ENSEIRB-MATMECA – Bordeaux INP
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