INP

Révélateur des talents
de demain

Vous êtes ici

Je suis élève-ingénieure et sportive de haut-niveau : rencontre avec Juliette Vauchez

Juliette Vauchez, élève-ingénieure en deuxième année à l’ENSC – Bordeaux INP, est également sportive de haut niveau dans une discipline encore peu médiatisée en France : le Kung-fu Wushu. Découvrez son parcours et sa quête d’équilibre entre sa pratique sportive et ses études.

Juliette Vauchez

Peux-tu nous expliquer ce qu’est le Kung-fu Wushu ?

C’est un art martial chinois qui comporte deux parties : une partie technique - le taolus, comme les katas en karaté. C’est une partie qui comprend des enchaînements de 1min20 (NDLR : en compétition) avec des sauts, des positions, des coups de poings, de pieds, etc.

La deuxième partie est celle du combat – le sanda, que je ne pratique pas pour ma part en compétition.

En Chine il existe une distinction entre le Kung Fu et le Kung Fu Wushu. En fait, en chinois Kung Fu signifie « l’accomplissement de l’homme à travers ce qu’il fait ». On peut par exemple être Kung Fu Basket ou Kung Fu Peinture. Le Wushu c’est un art martial, l’art de la guerre. En France c’est encore peu connu, ou connu sous le nom de Kung Fu.

Depuis combien de temps tu pratiques le Kung-fu Wushu ?

J’ai commencé à 5 ans et demi et ça fait maintenant pratiquement 16 ans que je pratique ! Mon père aime beaucoup les arts martiaux et c’est lui qui m’a fait découvrir cette discipline. J’ai d’abord été élève-loisir, puis élève-compétitrice, pour ensuite donner des cours ou assurer des remplacements.

Qu’est-ce qui t’a attiré dans cette discipline ?

J’étais tellement jeune quand j’ai commencé… Je pense que simplement l’idée de faire du sport me plaisait ! Si je me suis autant investie par la suite c’est parce que dans la Wushu il y a cette possibilité de toujours progresser, s’améliorer et il y avait toujours quelque chose à découvrir. Il y a aussi une dimension presque spirituelle autour du mouvement, qui est très intéressante. Enfin, c’est une discipline qui demande de la rigueur et du travail. C’est aussi ça qui m’a plu.

En quoi consiste le statut de sportive de haut niveau ?

Au niveau juridique il y a un contrat qui est passé entre le sportif et la Fédération, avec des droits et des devoirs à respecter. Au-delà de ça, je pense que c’est une question de valeurs et d’image. On représente la France lorsque l’on fait des compétitions internationales et il y a donc une certaine conduite à avoir. Le statut représente aussi l’investissement et l’implication du sportif.

Quel impact a ta pratique sur ton parcours à Bordeaux INP ?

Ça prend beaucoup de temps ! Je m’entraine 6 fois par semaine environ, soit plus de 10 heures avec les stages et les entraînements. Puis il y a les compétitions : lorsqu’elles sont sur les week-ends ça ne pose pas de problèmes, car je n’ai que des absences mineures. Mais sur des compétitions plus longues, comme les championnats du monde où je pars pendant 10 jours, c’est plus complexe. Cela demande beaucoup d’organisation !

J’avais choisi de faire ma Prépa en 3 ans au lieu de 2 ans et j’aurais pu faire la même chose à l’ENSC, en passant mon diplôme en 4 ans. Seulement, lorsque l’on passe son diplôme en décalé, ça nous rajoute une année supplémentaire d’études et ce n’est pas le plus pratique pour une bonne intégration… De plus, les enseignants sont compréhensifs. Il faut travailler plus, mais c’est faisable. Tout est une question d’équilibre.

Pourquoi avoir choisi cette voie ?

C’est justement pour cette idée d’équilibre. Parfois il est vrai que c’est tentant de se dire : « Je pourrais faire soit l’un, soit l’autre. ». Ce qui simplifierait les choses ! Mais dans un choix de carrière par exemple, je ne pourrais pas gagner ma vie en tant qu’athlète car c’est un sport encore trop peu reconnu en France. Je pourrais enseigner, mais il y a peu de clubs et donc peu de places.  Pouvoir enseigner sur des stages, continuer de pratiquer à côté en plus de mes études en école d’ingénieurs, me convient très bien. Petite je voulais inventer la machine à remonter le temps, la machine à se téléporter… J’ai toujours voulu faire des projets comme ça et l’école d’ingénieurs n’était donc pas un hasard ! Aujourd’hui pour me sentir épanouie je ne pourrais pas faire un choix entre mes études et ma pratique du Wushu.

La pratique du sport est fortement encouragée dans les écoles de Bordeaux INP. Selon toi, quelles sont les qualités que ça peut apporter à un(e) futur(e) ingénieur(e) ?

Il y en a beaucoup je pense ! La pratique du sport ça apporte déjà des valeurs morales, que l’on retrouve dans le monde professionnel. Je pense notamment à la rigueur, au fait de se fixer des objectifs, d’aller au bout de ce qu’on l’on fait.

Sans forcément penser au sport à haut niveau, avoir une pratique sportive « à côté » c’est aussi avoir plusieurs choses à gérer et ça permet de voir les choses différemment : si je veux y arriver, que je me donne les moyens, c’est possible ! Et je pense que c’est une chose très importante. Lorsque l’on veut atteindre un objectif il faut se donner les moyens de réussir, c’est une force qui est importante dans le sport tout comme dans le travail. Il y a plein d’autres choses liées au sport, comme les bénéfices sur le corps ou le mental, qui sont tout aussi importantes dans nos métiers.

Quels sont tes prochains défis, académiques et sportifs ?

Dans un premier temps, avoir mon diplôme d’ingénieure ! Par la suite j’aimerais travailler dans le secteur du sport et développer des solutions pour les sportifs de haut niveau. Par exemple, nous travaillons en ce moment à l’école sur un projet d’application à destination des sportifs de haut niveau pour les accompagner dans leur préparation mentale lors des compétitions. C’est ce genre de projets qui m’intéresse !

Du côté du sport, j’ai les championnats du monde universitaires qui arrivent cet été (NDLR : en 2020). L’année dernière j’étais 6ème, depuis j’ai progressé et j’aimerais me rapprocher du podium. Ensuite, il y a la World Cup pour laquelle j’ai été sélectionnée après mes résultats aux championnats du monde. Je pars donc au Japon en fin d’année 2020 pour cette compétition, où ce sont les 8 meilleurs mondiaux qui s’affrontent ! J’aimerais en battre quelques-uns et faire une belle performance. L’idée c’est de toujours donner de mon mieux !

Annuler